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Ecrire collectivement une pièce de théâtre en classe

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"Apprends des erreurs des autres. La vie n'est pas assez longue pour toutes les faire." (Anonyme)

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La démarche que je vous présente est le résultat d'une expérimentation menée  dans plusieurs de mes classes de 1995 à 2009. Je souhaite avant tout inspirer ceux qui souhaitent mettre en place une démarche de "Chantier théâtral" en présentant un modèle à adapter à votre réalité. 

 

 L'écriture collective implique un certain nombre de différences avec un atelier d'écriture classique. Comme beaucoup d'aventuriers, je me suis lancé dans l'action, sans me poser de questions, guidé plus par l'intuition que par la raison. C'est au fur et à mesure que j'ai pu prendre du recul et répondre à un certain nombre de questions qui se sont posées.

"Pourquoi impliquer les élèves dans une écriture collective de pièce de théâtre ?" 

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Donner plus de place à l’écriture créative, c’est permette à l’élève de ne pas considérer l’écrivain comme un extra-terrestre. C’est l’amener à poser sur son œuvre le regard de l’artisan qui s’émerveille de la construction d’une intrigue bien menée, qui critique une fin trop attendue, qui imite enfin un maître. Poser sur les œuvres le regard de l’artisan, c’est côtoyer l’auteur comme un pair expert, certes, mais non comme une idole, inaccessible. 

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Le projet aura permis à ces élèves de démystifier l'acte d'écrire : nous sommes tous capables d'écrire un récit passionnant, une pièce susceptible d'intéresser un public. Bien sûr, notre texte n'est pas parfait, mais il tient la route, il fait rire et réfléchir. 

Les spécificités du texte de théâtre ont été aussi mises en évidence lors de la mise en voix intermédiaire ou de la mise en scène. Les élèves découvrent ainsi par exemple qu'un passage peut sembler comique lorsqu'on l'invente, mais qu'il ne l'est plus lorsqu'on passe à la scène; que le personnage tient des propos peu crédibles par rapport à la situation qu'il est sensé jouer, alors qu'à l'écriture de telles contradictions n'apparaissaient pas. Nombreuses sont alors les retouches apportées de commun accord au texte au moment où on le rôde... sur scène. 

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Le passage par l'improvisation lors des premiers ateliers, leur a également permis de mieux cerner l’apport de l'écriture théâtrale et de mieux se représenter les enjeux du jeu afin de l'intégrer dans leur texte (on ne change pas de lieu trop rapidement, les scènes qui commencent de façon abrupte sont plus efficaces; il vaut mieux « typer » un personnage au niveau de la gestuelle, mais parfois aussi au niveau verbal, pour qu'il soit reconnaissable...)

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Enfin, en jouant, l'élève aura appris à respirer, articuler, placer sa voix, dominer ses gestes, mettre de l'expression – une expression juste. Il aura dû mémoriser... Et savoir qu'il ne suffit pas de connaître son texte pour espérer jouer, mais aussi retenir le texte des autres pour savoir quand intervenir dans le jeu. Les communications verbale, non verbale et paraverbale (le travail de la voix pour le personnage masqué par exemple) auront été expérimentées de façon approfondie... Et en quinze ans de travail, il m'est arrivé de crier presque au miracle, en voyant des élèves que l'on disait renfermés, peu sociables ou d'une timidité maladive, se planter dans l'espace avec assurance et assumer avec plaisir leur personnage. 

"Comment impliquer au maximum des élèves dans l'écriture de celle-ci ?"

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Travailler jusqu'à 30 personnes sur une même pièce de théâtre suppose d'abord que la confiance entre les personnes ait été établie, qu'on ait déjà une "troupe" face à soi. C'est un exercice qui demande une bonne écoute et beaucoup de confiance en eux et en soi. Il est nécessaire au début d'accepter toutes les idées qui viennent, quitte à expliquer pourquoi on en écarte certaines au moment de passer à l'écriture.

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Le scénario de travail que je vous propose permet de réaliser le texte en collaboration. Cependant, il faut sentir le groupe, l'aider, le soutenir dans les moments de découragement, passer de petits groupes en grand groupe, changer d’activité pour réalimenter la pompe à créativité. 

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Cependant, au final, la perspective d’une représentation théâtrale et la dynamique de groupe parviennent à débloquer les situations les plus critiques. C’est bien là un des effets de la pédagogie du projet pour laquelle l’enjeu de la production finale stimule la motivation du groupe.

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"Quelle place donner au professeur dans le processus créatif ?"

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Le projet théâtral a enfin fortement modifié les relations enseignant-étudiants au sein de la classe. En effet, la relation traditionnelle professeur-élèves semble s'être, pendant quelques heures, abolie. L'enseignant fait partie du groupe classe et participe les élèves à l’élaboration du projet. Mais il a un rôle décisionnel qui lui donnent un statut à part.

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Pour ma part, j'ai toujours 

  • joué le rôle d'animateur de l'atelier d'écriture

  • arbitré les choix faits par la classe

  • sélectionné les parties de dialogues les plus intéressantes 

  • et j'ai réécrits les transitions entre les extraits rédigés par les élèves.

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Il m'est arrivé en outre d'ajouter parfois de retravailler en profondeur des textes en dernière minute, par exemple en ajoutant un personnage, en ajoutant une scène (généralement une scène de transition), en réécrivant un passage.

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On pourra me reprocher de prendre trop de place. Je l'admets, mais je ne veux pas perdre trop de temps. D'une part, parce que mon objectif n'est pas de leur faire écrire de façon parfaite une pièce, mais de leur faire comprendre globalement le fonctionnement des métiers de dramaturge, d'acteur, voire de metteur en scène. 

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Quel scénario de travail ?

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Exemple de chantier théâtral : de l'écriture au jeu ->

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