Jouer avec les émotions

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Les six émotions de base

Paul Ekman a conçu une liste des émotions de base à partir de recherche transculturelle sur une tribu de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il a observé le fait que des personnes isolées du monde ayant une culture "d'âge de pierre" peuvent identifier les expressions de l'émotion de personnes sur des photographies dont les cultures sont inconnues. Ils pourraient également attribuer les expressions du visage à des descriptions de situations. Sur cette preuve, il a conclu que certaines émotions de base ont été ou biologiques ou universelles à tous les hommes. Il a pu définir ainsi une liste des émotions de base (1972) :

tristesse joie colère peur dégoût surprise

Ces six émotions de base se déclinent en de multiples mots qui chacun expriment un degré plus ou moins fort de l’émotion. Puis il existe des émotions secondaires qui sont des mélanges des émotions de base. Par exemple, la honte est une émotion mixte, à la base un mélange de peur et de colère (bloqué ou retournée contre soi).

Parmi les émotions secondaires notons, la nostalgie, la haine, l’envie, l’amour, la gratitude, la rancune, la confiance, l’embarras, la honte, la méfiance, l’humiliation, le mépris, l’approbation, le dédain, la fierté, la tromperie, la passion, la culpabilité, le sentiment d’abandon, le plaisir, la mélancolie…

Comment représenter les émotions ?

Dès 1909, à travers « La formation de l’acteur », Constantin Stanislavski jette les bases d’un « système pédagogique » pour aborder un jeu réaliste, naturaliste. Cette méthode vise à une prise de conscience intérieure de son personnage. Dans son ouvrage, il pousse les acteurs à refuser les clichés et la gesticulation pour chercher la vérité du jeu et du personnage.

L'approche de Stanislavski est plutôt psychologique : elle consiste à retrouver l’émotion à la base de l'action du personnage. Jouer "juste", jouer "vrai" est son obsession principale. Pour y parvenir, il faut un travail préalable de l’acteur pour rechercher dans sa propre histoire une expérience où il a vécu une émotion similaire… revivre cette expérience, afin de pouvoir la reproduire à chaque représentation.

COMMENT Y PARVENIR ?

grâce aux stimuli externes : bruitage, éclairage, MUSIQUE, accessoires, décor… peuvent stimuler la mémoire affective de l’acteur et favoriser sa concentration sur scène
grâce aux stimuli internes : souvenirs, les sentiments et pensées des personnages (texte), mais aussi sympathie éprouvée pour autrui (par ex. touché par un accident… que se passerait-il si …).

Exprimer et contrôler ses émotions

Il est d’autres moyens d’exprimer ses émotions, en partant de son corps : jouer sur la respiration peut par exemple aider à jouer la tristesse / la joie (pleurs / rires : respiration plus saccadée), trouver la sérénité (respiration ample), la peur (apnées)…

Les tensions et relâchements musculaires peuvent également servir à exprimer différents sentiments. En prendre conscience peut aider à retrouver le sentiment afin de l’exprimer. Ainsi, le relâchement des épaules, l’impression d’écrasement, le relâchement des muscles du cou peuvent aider à construire un personnage triste. La tension extrême de certains muscles du visage aide à retrouver la colère…

Attention, il ne s’agit pas de sur-jouer ou de jouer de l’extérieur un personnage, mais d’utiliser la mémoire kinesthésique pour « retrouver » et rejouer une émotion qui soit « juste ».